Don Jon

Publié le 10 Juin 2014

Non, ceci n’est pas une critique du nanar avec Joseph Gordon-Lewitt et Scarlett Johansson (aka La Courgette, selon La Perle) (je n’ai jamais su pourquoi) (demandez-lui), qui est certainement de très bon goût, hein, vu qu’on y a balancé 6 millions en budget.

Quoique.

Mais, il y a un lien.

D’abord, parce que j’aimerai gueuler un bon coup contre Don Jon aka ma première personne de contact chez SBS mon nouvel employeur, qui m’a regardée avec consternation quand je hurlai des noms de président trois fois syrianisé (les cons) à des entretiens perdus d’avance. Pour récapépéter, c’est par là.

Ensuite, parce que ladite personne a un nom qui sonne comme Don Jon ou presque.

Enfin, car il est temps et de bon ton de rouspéter contre le mandarinat de toutes sortes.

Que ce soit des directeurs de labo et autres pseudo scientifiques qui, du haut de leur chaire, estiment ne pas être soumis aux mêmes lois élémentaires de courtoisie et de respect des autres que la plèbe que nous sommes. C’est sooooo 20ème siècle le respect d’autrui.

Que ce soit cette génération de baby boomers qui a tout eu sans devoir se battre pour/contre tout en général et contre la défaite ambiante réelle et virtuelle qui caractérise la vie des pauvres générations Y, en particulier. Parce que c’était les 30 glorieuses. Parce qu’il suffisait d’avoir envie (plus qu’un profil, une expérience ou des soft skills)…

Bref.

Je préviens, ça va chier velu ce soir et ça part déjà dans tous les sens.

(encore que, Don Jon est un mandarin baby boomeuse, donc ça se tient)

En mode grosse colère.

Parce qu’en fait, je réalise (un peu naïvement et tardivement vous me direz) (mais en même temps, je vous ai pas demandé votre avis) (oui c’est ça, barrez-vous) (sauf toi, là au fond, je t’aime bien), que je n’avais aucune chance à ce poste, et que derrière la raison officielle de mes lacunes politico-sociales australiennes, se cachent la bien-nommée Don Jon et aussi, un peu, penaude, là derrière ces bons sentiments de solidarité et de bien pensanterie anglo-celtique (c’est mieux dit qu’anglo-saxon me souffle-t-‘on dans l’oreillette), une bonne grosse hypocrisie qui ferait rougir le chef du protocole de Poutine.

Et donc, oui, le pays de cocagne au 40% d’immigrés déclarés ou non, le pays qui reconnait le non genre chez ses citoyens, le pays qui a demandé pardon aux victimes de sa colonisation, n’est qu’un gros tas d’hypocrites comme partout ailleurs, à commencer par l’Helvétie.

Ça tombe bien, je commençais à trouver cette période lune-de-mielo-bécasouille un peu louche. Au moins autant que la distanciation de Bleu Marine quant aux propos de son père.

Donc non, je ne tombe pas des nues tant que ça. Mais faut dire que je me serais presque laissée aller à croire à tous ces bons sentiments d’equity for all que tu signes pour ton visa et qui s’affichent de la constitution aux stickers de voiture.

Donc, quand j’ai appris (ça sert d’être sur place et j’ai pas la pardonnette aisée non plus) que d’autres personnes ont postulé au même job que moi, ont fait tout juste aux questions, ont une vraie expérience de librarian préalable et n’ont pas été retenues, j’ai trouvé ça bizarre.

Quand j’ai vu la personne retenue, toute droite sortite de l’école (j’invente des accords si je veux), sans expérience et quand je vois la culture des moins de 30 ans chez les Sydneites, je me doute des réponses aux questions (secrétaire d’état US ? Perry, je crois, Katy ?) et du coup, je questionne un peu la sélection.

Un peu moins quand je réalise que the chosen one est australienne et pas nous les recalés (on était trois étrangers en face).

Je m’étrangle tout de même un poil quand on me dit ce jour que Don Jon avait en fait élu l’élue avant les entretiens.

A mais c’est vrai, qui dit structure d’état dit transparence et (encore une fois) équité pour tous.

Mon c** !!

Hahaha (petit rire cristallin de la mère de Guillaume Gallienne) (que j’aime d’amour, Guillaume, si tu m’entends)

J’en connais une (Don Jon pour ne pas la citer) qui a dû s’ennuyer tel un fluffer pendant les prises de vue, lors de nos entretiens.

Ce que j’ai pris pour de la consternation face à mon inculture pendant l’entretien, c’était de la condescendance.

Et ça je peux le prouver !!

Enfin, non.

Mais quand je vois Don Jon se comporter avec mes collègues, je me dis que je ne suis pas loin (même si de mauvaise foi en général, je le reconnais).

Petit exemple choisi :

On fait une formation technique et c’est Mme Suçon qui la donne. Au bout d’un certain temps, Don Jon coupe la parole à Mme Suçon et – devant les Minions (dont moi) et des tiers – s’exclame : « ça fait une demi-heure que tu as commencé la formation, Mme Suçon, il te reste 30 minutes, you might want to go straighter to the point. »

Pardon ?!

Genre, ta collègue, que tu acceptes de former sur un outil que tu développes depuis 6 mois, en une heure, te gronde comme une écolière, parce que bon ok c’est pour l’aider dans son job de tous les jours, mais bon elle, elle a des trucs importants à faire, tu vois.

Comme, chais pas moi, présélectionner ses futures subordonnées selon leur pédigrée d’australianité avant de faire passer des entretiens fictifs.

Alors, je sais que je manque d’objectivité mais pas de mauvaise foi et que j’en fais des caisses.

Mais s’il y a un (ok, des) truc que je ne supporte pas, c’est 1) le manque de respect et 2) d’être prise pour une conne (ce qui certes, j’avoue, est lié).

Donc, là, de savoir que j’ai stressé pour absolument rien parce que je n’avais aucune chance, et en plus, par une personne que j’apprends à mépriser professionnellement depuis 2 semaines que j’ai commencé, franchement, ça me plait moyen.

Surtout quand j’en entends tous les jours sur des accointances professionnelles qui ne trouvent pas de cdi apparemment sur la simple base (non énoncée mais bien réelle) de ne pas faire partie de ce groupe merveilleux des gentils-blancs-qui-ont-tout-piqué-à-ceux-qui-avaient-des-os-dans-le-nez. (Ceci étant, techniquement, on en tous hein, des os dans le nez, même que ça s’appelle les cartilages allaire et triangulaire)

Bref, j’ai pas beaucoup d’espoir de trouver quelque chose de fixe après ce cdd.

Ça ne m’a pas empêché de postuler à une place qui s’est libérée ce jour chez SBS.

Sur un malentendu…

Don Jon

Rédigé par Rujha Sydney

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R
ça fait envie. :/
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